Critique / Amer (Gerardmer 2010)
Une de mes priorités en allant à ce festival était de voir ce film, étant un grand fan de Giallo et de bis italien. Et le moins qu'on puisse dire c'est que j'en ai eu pour mon argent. Hélène Cattet et Bruno Forzani ont juste réussi à synthétiser le meilleur du sous-genre transalpin aussi bien dans le fond que dans la forme. Véritable expérience sensitive et hypnotique (quasiment muette) Amer se découpe en trois segments distincts: La peur, le désir et enfin la mort.
Dès le générique, les deux réals nous mettent dans le bain avec le superbe thème musical de Bruno Nicolai, emprunté à La Queue du Scorpion (excellent Giallo de Sergio Martino réalisé en 1971). La première partie du film nous présente les peurs infantiles d'Ana à travers des scènes terrifiantes incroyablement bien maitrisées (la scène de la montre à gousset dans la chambre en est le meilleur exemple). L'ambiance très gothique bifurque progressivement vers un style psychédélique coloré (surtout le rouge et le vert) presque pop-art, du plus bel effet.
Dans la deuxième partie, on retrouve Ana adolescente qui marche avec sa mère dans la rue. Ce passage se veut carrément charnel et érotique sous la forme d'une compétition sexy entre les deux femmes. La mise en scène est toujours aussi stylisée et colle au plus près des différentes parties du corps d'Ana et sa mère, le tout étant servi par un score toujours aussi gialliesque. Comparé au premier acte c'est un véritable bol d'air frais pour le yeux et les sens. L'atmosphère s'obscurcit pour le passage à l'age adulte. Ce dernier ségment s'avère être la quintescence de l'hommage au giallo. Le rasoir, la combinaison en cuir, le manoir baroque, tout y est pour terminer ce voyage sensitif en apothéose.
On pourra peut-être juste reprocher quelques longueurs à mi-métrage mais ce serait chipoter. L'expérience est tellement forte et hypnotisante qu'on ne peut que saluer la maîtrise des deux réalisateurs. La première tuerie du festival tout simplement.
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